Est-ce que je souffre du syndrome de l’imposteur au travail?

Emploi

Vous avez sûrement déjà entendu parler de l’effet Dunning-Kruger, qui fait que certaines personnes plutôt incompétentes ont tendance à se surestimer ? Le syndrome de l’imposteur, c’est pratiquement l’opposé.

Est-ce que je souffre du syndrome de l’imposteur dans mon travail?

Le syndrome de l’imposteur se matérialise dans l’impression de manquer de certaines compétences, dans le sentiment qu’on n’est pas à la bonne place parce que d’autres sont meilleurs que nous, dans le mal-être diffus d’avoir en quelque sorte usurpé sa place.

Ce syndrome n’est pas nouveau. Il a été décrit pour la première fois par des psychologues dans les années 1970. On l’observe chez des personnes très performantes pourtant incapables d’intérioriser et d’accepter leur succès. Ce phénomène se caractérise par le sentiment que nos succès peuvent être attribués à la simple chance, plutôt qu’à nos propres compétences ou qualifications. Les personnes qui souffrent de ce syndrome craignent que les autres finissent par les démasquer.

Comment savoir si vous y êtes sujet ? Certains signes peuvent le montrer :

  • ruminations incessantes, dialogues intérieurs à tonalité négative concernant vous-même et vos compétences
  • tendance marquée au perfectionnisme (passer trop de temps sur une tâche pour la réaliser à la perfection, procrastiner de crainte de ne pas faire assez bien…)
  • sentiment de ne pas être à la hauteur
  • difficulté à accepter les compliments
  • peur de vous tromper ou d’échouer
  • peur d’être démasqué(e)
  • tendance à vous saboter, à vous empêcher de « briller »
  • travailler de manière acharnée, excessive

Le syndrome de l’imposteur : juste un manque de confiance en soi?


Le syndrome de l’imposteur trouve ancrage dans une forme de manque de confiance en soi particulière. Le manque de confiance en soi a tendance à nous empêcher d’agir. Typiquement, si vous n’avez pas assez confiance en vous, vous allez postuler à des emplois moins qualifiés que ce que vous êtes capable de faire, rester toujours un ou deux crans en-dessous de vos capacités pour ne pas vous mettre dans des situations où vous risquez de vous faire remarquer par exemple. Une personne qui vit sous le joug du syndrome de l’imposteur, en revanche, peut postuler à des jobs qualifiés ou très qualifiés, mais elle se sent obligée d’agir constamment et de s’améliorer dans tout ce qu’elle fait. La différence avec la confiance en soi est qu’avec le syndrome de l’imposteur, la personne doute constamment qu’elle mérite d’être là où elle est. Elle craint de ne pas être à la hauteur.

Une difficulté à intérioriser le sentiment d’accomplissement

Pour mieux comprendre, Caroline Broad explique dans un document de synthèse pour l’Université d’Edimbourg que « malgré des capacités évidentes, les personnes souffrant du syndrome de l’imposteur sont incapables d’intérioriser un sentiment d’accomplissement, de compétence ou d’habileté. Dans l’ensemble, elles se croient moins intelligentes et moins compétentes que les autres ne les perçoivent. » Il y a donc un décalage entre la perception de nos capacités par les autres et notre propre perception.

Le syndrome d’imposture : une souffrance réelle

Bien que le sentiment d’imposture ne soit pas un diagnostic figurant dans le DSM (la classification officielle des maladies mentales), les psychologues reconnaissent qu’il une entraîne une souffrance bien réelle. Le sentiment d’imposture n’est pas à prendre à la légère. Outre qu’il peut nous empêcher de nous réaliser professionnellement, il génère anxiété peut mener jusqu’au burn out et à la dépression.


En général, les personnes qui ressentent ce sentiment d’imposture n’en parlent pas à un professionnel et souffrent en silence car la peur d’être démasqué fait partie intégrante du problème. Or c’est en en parlant que l’on peut mettre à jour le décalage entre notre perception de nous-mêmes et la perception que les autres en ont.

D’où vient le syndrome de l’imposteur ?

*Être une femme ou appartenir à une minorité nous rend plus susceptible de développer un sentiment d’imposture


Le fait d’être différent de quelque manière que ce soit du groupe majoritaire dans lequel on évolue (âge, différence ethnique, être une femme, différence d’orientation sexuelle, etc) peut alimenter le sentiment d’être un imposteur.

Pauline R. Clance et Suzanne A. Imes, les premières chercheuses à avoir étudié le sentiment d’imposture en 1978 chez des femmes ayant un doctorat précisent ceci : « Étant donné les attentes moins élevées des femmes de leurs propres performances (et de celles des autres femmes), elles ont apparemment intériorisé en un auto-stéréotype le stéréotype sociétal des rôles sexuels, selon lequel elles ne sont pas considérées comme compétentes » (The Impostor Phenomenon In High Achieving Women : Dynamics And Therapeutic Intervention).

Plus récemment, dans une étude de 2020 intitulée ‘Imposter Syndrome’ Holds Back Entrepreneurial Women‘, Kimberly Eddleston, Jamie Ladge et Keimei Sugiyama ont montré que le sentiment d’imposture empêche les femmes entrepreneures de s’identifier comme telles et impacte négativement leur réussite : « leurs entreprises ont souvent moins d’actifs, se développent plus lentement et sont moins rentables que les entreprises appartenant à des hommes. Le plus inquiétant est la façon dont elles minimisent leurs réalisations en tant que cheffes d’entreprises, par rapport aux hommes, et leur réticence à se qualifier comme « entrepreneures ». Pourquoi ? Les auteures expliquent :

L’une des raisons pour lesquelles il est commun pour les femmes entrepreneurs de souffrir du syndrome de l’imposteur est que l' »entrepreneuriat » est généralement représenté par des termes masculins : « capitaine d’industrie », « pionnier », etc. Alors que les attributs d’un entrepreneur prospère se sont historiquement concentrés sur des traits masculins (ambitieux, agressifs, prêts à prendre des risques et leaders nés), les femmes ont été préparées à être nourricières, altruistes et collaboratives. Pour les femmes, ces définitions internes et externes peuvent faire en sorte que le monde de l’entrepreneuriat et le fait de posséder son entreprise leur semble étranger et en contradiction avec leur identité même.

Imposter Syndrome’ Holds Back Entrepreneurial Women‘, Kimberly Eddleston, Jamie Ladge et Keimei Sugiyama

Ceci montre à quel point il est important, que l’on soit homme ou femme, de prendre conscience de ce sentiment et de le déconstruire peu à peu.

*Une éducation exigente prédispose au sentiment d’imposture

De nombreuses personnes qui se sentent comme des imposteurs ont grandi dans des familles qui mettaient l’accent sur la réussite. L’estime de soi de l’enfant dans une telle famille devient tributaire de la réussite : les parents manifestent davantage leur amour pour l’enfant quand il réussit.

En particulier, les parents qui envoient des messages contradictoires, alternant entre félicitations excessives et critiques, peuvent augmenter le risque de se sentir « imposteur » au travail. La pression qu’exerce la société en termes de performance vient s’ajouter à cela pour renforcer encore plus le perfectionnisme.

*Des moments charnières de la vie peuvent révéler ou exacerber le sentiment d’imposture

La plupart des gens éprouvent un certain manque de confiance en soi lorsqu’ils font face à un nouveau défi. Cela peut être le cas au moment où nous finissons nos études supérieures, au moment d’être diplômés ou après l’avoir été par exemple. D’autres vont jusqu’à douter de leurs compétences et de leur réussite alors que celles-ci sont évidentes. Il est étonnant de constater combien d’étudiants en passe d’être diplômés ne vont pas au bout de leur diplôme par crainte d’arriver sur le marché du travail et de se sentir incompétents !

C’est aussi le cas lorsque l’on fait face à un nouveau défi professionnel, qui nous met en position d’assumer des fonctions que nous ne nous sentons pas prêts à assumer.

Que faire si j’ai le sentiment d’être un imposteur au travail ?

Si vous vous retrouvez dans le sentiment d’imposture, le mieux c’est d’y faire face et d’en parler. Cela vous aidera à voir que ce sentiment est à la fois normal et irrationnel et que vous pouvez progressivement le surmonter. En parler vous aidera également à faire le point sur votre « incompétence » supposée, sur vos compétences réelles, et à mieux placer le curseur pour réussir à vous estimer à votre juste valeur afin d’en sortir et réussir à vous réaliser.

Prenez rendez-vous avec notre psychologue et coach certifiée pour en parler :


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